« Anticipations » – un thème qui nous hante, un thème aux mille déclinaisons – nous amène à voir quelques-unes des possibilités dans l’imagination de la fin du monde que l’on connaît, pour le meilleur et pour le pire. Quelles transformations nous attendent et comment les écrire? Est-ce que lire sur ces prédictions subvertit le regard que l’on porte sur le présent que nous habitons? Entre ces pages et partout ailleurs, on dérive, on s’alarme des multiples dangers, on espère, on désespère, on meurt d’inquiétude, on meurt tout court, on survit, on se fortifie, on renaît, on se désole des fléaux, on s’en accommode, on en rit, on montre les dents, on accepte de s’effriter, on s’effrite sans y consentir, on tremble au milieu des ruines, on se raccroche à la saveur d’un fruit inespéré, on désobéit pour un fragment de ciel bleu.

Entre ces pages, les auteur·rice·s et artistes témoignent [...] de réalités propres à la musique, aux arts visuels et à l’enseignement de la danse au primaire. Nous y constatons que si l’art est « [u]ne prière pour (ré)inventer la beauté », il a besoin, pour se déployer, d’« [u]n temps large et sans bordure ». Puissant, il « rassemble autour de la fierté » et permet d’« embrasse[r] une voie noble », fût-ce « celle des poètes maudits, maudits par leur époque », et même de « rêver que cette planète qui se désintègre est un ailleurs irréel ». Aujourd’hui, créer aux dépens du capitalisme est devenu presque un devoir. Dénonçons-le. Refusons-le. Crachons-lui au visage des postillons de toutes les couleurs.

Avec ce thème qui embrassait large, « À travers les âges », nous voulions ouvrir la porte à la question de notre rapport individuel au temps qui passe et au vieillissement, aussi bien qu’à des enjeux de relations intergénérationnelles, que ce soit en famille ou au sein de la société. Cela nous semble particulièrement pertinent alors que les fossés se creusent entre les différentes générations, sans cesse dressées en opposition les unes contre les autres, en ce vingt et unième siècle marqué par une obsession de la jeunesse perpétuelle, où les signes de l’âge sont présentés comme des défauts à camoufler. À l’heure actuelle, des crises multiples, notamment climatique et immobilière, ébranlent notre futur. Comment trouver ses repères et se projeter dans l’avenir quand celui-ci nous paraît de plus en plus compromis? Qu’est-ce que ça signifie, aujourd’hui, de bien grandir ?